PREMIÈRE MOITIÉ DU XVI° SIÈCLE                      223
lice, établis à Paris, qui ont été sauvés de l'oubli, il .ne faut pas oublier que la plupart des comptes et des documents où l'on avait chance de découvrir quelques renseignements sur notre sujet ont péri par le feu, la négligence ou les révolutions; tandis que d'autres pays, moins bien partagés que le nôtre, comme l'Italie, ont su garder leurs archives intactes.
Signalons encore le marché passé, en 1555, par le cardinal Louis de Bourbon, archevêque de Sens, avec un tapissier parisien nommé Pierre du Larry, installé rue des Haudriettes. Ce dernier s'en­gage à exécuter six pièces de tapisserie, destinées à l'abbaye de Saint-Denis, et où seront retracées les scènes principales de la Vie de Jésus-Christ ; Annonciation, Nativité, Crucifiement, Résurrec­tion, Ascension, Pentecôte. Le prix est fixé à 110 sous tournois l'aune. Enfin l'artisan promet d'employer « de aussy bonnes et fines es­toiles comme une tapisserye qu'il faict à présent pour haulte et puissante madame la duchesse douairière de Guise ». Ainsi Pierre du Larry travaille pour les plus hauts personnages du temps. Us ne jugeaient pas tous nécessaire d'aller chercher des tapissiers à l'étranger, alors qu'ils avaient sous la main des artisans habiles.
Quelque rares que soient les détails réunis jusqu'ici sur l'in­dustrie parisienne pendant le cours du xvi0 siècle, les faits exposés ci-dessus prouvent la persistance de la haute lice sur les bords de la Seine comme sur ceux de la Loire, alors que la ville d'Arras ne peut citer le nom- d'un seul tapissier vraiment digne de ce nom. Les exemples invoqués par certains érudits pour soutenir la continuité de la fabi'ication de la tapisserie à Arras se sont tournés contre la thèse qu'ils défendaient, et il n'a pas été difficile à leurs contradic­teurs de démontrer, pièces en main, que la sayetterie avait complè­tement supplanté la haute lice dans la capitale de l'Artois à partir de l'an 1500.
L'existence d'une pièce où se voit la sainte Trinité adorée par des religieuses sous la conduite de saint Jean et de saint Augustin, avec cette inscription : Achevée l'an 1564, la présence de l'A potencé sur le fond de cette pièce, exécutée peut-être pour l'hôpital Saint-Jean d'Arras, ne suffisent pas à prouver que la ville ait possédé à cette date un atelier, un seul atelier de tapisserie.
Sous Henri II, la royauté française, après plus d'un siècle d'ab-